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Amis lecteurs, je vous souhaite une agréable visite sur ce blog.
Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.

Si vous êtes éditeur, je vous invite à visiter ma page de projets pour les enfants et ma page de projets pour les adultes.

Si vous êtes illustrateur et qu'une petite histoire plus ou moins vraie vous inspire un dessin, je serai heureuse de le mettre en ligne avec une présentation de vous sur ma page dédiée aux beaux crayons. Vous pouvez proposer une illustration pour n'importe quel texte.

vendredi 30 novembre 2012

Troisième commémoration (nouvelle)



Copropriétaires de la Résidence des trois Grâces,


C’est avec un peu de retard que je prononce le discours d’hommage à Arthur Cozzini de cette année ; vous ne m’en voudrez pas, heureux que vous êtes d’échapper à cette corvée.
Tout le monde s'accorde sur le fait que l’on pourrait résumer la vie et l’œuvre de Cozzini ainsi : il passa son temps à nous gâcher l’existence. Sachez cependant que malgré la franchise qui me caractérise et dont je ne saurais me départir, j’ai tout fait pour préserver nos intérêts. Je rappelle à Madame Mathurin, qui cligne des yeux comme un télégraphe pour m’inciter à la retenue, que selon les termes du contrat qui nous lie au défunt, nos obligations consistent à présenter deux de ses passions et de ses actes héroïques, et non à prononcer un discours courtois, ce qui serait contraire aux règles d’hygiène mentale les plus élémentaires.
Je raconterai, de la façon la plus convaincante possible, que Cozzini avait la passion des livres illustrés et de la guitare électrique, et comment ses deux passions m’ont sauvé la vie.
Nous dirons donc que Cozzini se passionnait pour les livres illustrés. Peut-être pourrions-nous, avec beaucoup d’imagination, expliquer ainsi son envie irrépressible de s’en emparer dès qu’il les voyait entre les mains d’un enfant. Il m’en vola ainsi une dizaine dans des circonstances toutes plus honteuses les unes que les autres. Cependant, je dois avouer que je lui en fus reconnaissante une fois : un jour, alors qu’il venait de m’arracher un livre que j’adorais, je m’élançai si prestement à sa poursuite que j’échappai à la moto de Daniel, lancée à vive allure dans l’allée de la Résidence. Ne protestez pas, Daniel, j’ai une mémoire d’éléphant et je me souviens très bien qu’il y a vingt ans, tout le monde vous considérait déjà comme un danger public.
Voilà pour la première passion et le premier acte héroïque. Ce ne sera plus très long, soyez patients !
Quelques années avant sa mort, Cozzini se prit de passion pour la guitare électrique et s’attela à en jouer toutes les nuits. La nuit de sa mort, il me réveilla à 1h42, dix minutes avant que mon téléviseur n’implose en carbonisant mon lit déserté. C’est ainsi que grâce à sa deuxième passion, Cozzini me sauva la vie une seconde fois. Je profite de notre réunion pour souligner que je n’avais aucune arrière-pensée quand cette nuit-là, je me présentai à la porte de Cozzini avec un seau d’eau : quand on a les oreilles massacrées par le son d’une guitare électrique à 2h du matin, on ne réfléchit pas. Je vous demanderais donc instamment de cesser toute insinuation et tout remerciement quand vous me croisez dans la cage d’escaliers (ne faites pas l’innocent, Monsieur Roméo) : j’en ai assez de rabâcher qu’au moment où je jetai le seau sur Cozzini, je ne pouvais pas deviner que le fil électrique de sa guitare était dénudé !
Ce discours n’a que trop duré. Il est temps de sacrifier au rituel défini dans le testament de Cozzini : je ne voudrais pas que l’huissier ici présent, que feu notre exécrable voisin nous envoie chaque année d’outre-tombe, estime que nous ne méritons pas notre legs annuel. Ainsi, avant de clore notre réunion, nous répéterons en chœur dix fois de suite : « Monsieur Cozzini, vous êtes inoubliable, merci, merci, merci ! »
Ne soupirez pas, Monsieur Bernard, et pensez à nos enfants : il faut rénover l’aire de jeux. Et avec un peu de chance, la somme léguée cette année nous permettra aussi de faire construire une piscine !



Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles. Les règles du jeu étaient les suivantes : écrire une rubrique nécrologique élaborée de (...) Arthur Cozzini (14/09/1925-31/08/2010). Le texte devait relater la vie et l'oeuvre du personnage et comprendre les mots suivants : hygiène, inoubliable, rabâcher, télégraphe, éléphant. .

samedi 24 novembre 2012

Un peu de poésie (5)



Hiver


Quelle alouette a pris la clef,
la clef des champs, la clef des prés ?
Quelle alouette a pris la clef,
la clef des champs avec l’été ?

Sous la fenêtre le lilas,
colliers d’argent et de grenat,
sous la fenêtre le lilas
donne ses perles aux frimas.

Le vent s’amuse sur la branche,
souffle cristal, souffle pervenche.
Le vent s’amuse sur la branche,
tourbillons de paillettes blanches.

Quelle alouette a pris la clef,
la clef des champs, la clef des prés ?
Quelle alouette a pris la clef,
la clef des champs avec l’été ?

jeudi 15 novembre 2012

Un peu de poésie (4)



Arbre


Qui dit que nous sommes des hommes sous la palme d’un grand arbre ?
Nous sommes le vent, nous sommes les fleurs que rien ne brise ni ne blesse, que rien ne bruite ni ne bleuit de peur, de froid, de solitude.
Nous sommes un souffle, une senteur, rien d’important : un peu de temps et de couleur.
La panthère épouse notre épaule d’une caresse distraite ; l’oiseau choisit notre main pour reposer son aile d’azur. Quant au papillon de fortune, il butine sur notre joue.
L’arbre nous prête ses racines, nous lui donnons une âme. Et la ville au loin dans la brume s’efface comme une ombre sur l’herbe.