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Amis lecteurs, je vous souhaite une agréable visite sur ce blog.
Ici, vous trouverez des mots qui font des histoires pour les petits et pour les grands.
Des mots plus ou moins sérieux, même si l'écriture n'est jamais tout à fait innocente.
Si vous êtes éditeur, je vous invite à visiter ma page de projets pour les enfants et ma page de projets pour les adultes.
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vendredi 31 août 2012
dimanche 26 août 2012
Rangement (nouvelle)
Impossible
de dormir en ce dimanche matin de vacances. Je me suis donc levé et j’ai
commencé à faire du rangement dans le salon. Je suis tombé sur un vieux carton
oublié au fond d’un placard et dedans, j’ai retrouvé la lettre de Jenny que je
n’ai jamais ouverte. Puis la pluie s’est mise à tomber et j’ai abandonné l’idée
du rangement : je me suis accoudé au rebord de la fenêtre pour humer
l’odeur de la terre mouillée et chaude que j’aime tant. Je me suis souvenu…
J’avais
toujours rêvé de visiter New York et je m’étais juré d’aller voir la Grosse
Pomme après ma licence de lettres. J’avais tout organisé depuis longtemps et
avais même noué des contacts épistolaires avec quelques New-Yorkais pour qu’ils
me livrent des conseils. Jenny était l’une d’eux. Nous nous écrivions
régulièrement depuis près d’un an quand je lui annonçai que j’avais enfin
acheté mes billets d’avion. Nos échanges prirent une tournure un peu
particulière quand nous joignîmes à nos envois quelques photographies – afin de
nous reconnaître quand nous nous donnerions rendez-vous. Elle me parut jolie,
je lui semblai charmant.
Deux
jours avant mon voyage, ma sœur m’emmena dans un de ses magasins préférés où je
trouvai un cadeau pour Jenny : un carré de soie représentant le Bal du
Moulin de la Galette de Renoir. J’étais sûr que Jenny apprécierait, elle qui
rêvait de visiter un jour le quartier de Montmartre. De retour à ma chambre de
bonne, je trouvai la porte béante et mes affaires sens dessus dessous, mon
passeport disparu, mes billets d’avion envolés. La mort dans l’âme, je
téléphonai à Jenny pour lui dire que je ne la verrais pas cette année-là.
La
pluie tombe toujours. J’ai mis un disque d’un groupe de jazz comme il s’en
produit sans doute dans l’un des nombreux clubs new-yorkais. La cigarette que
j’ai machinalement allumée se consume au bout de mes doigts.
Une
semaine après le cambriolage, les tours du World Trade Center s’effondraient,
heurtées par deux avions déroutés par des terroristes. D’après le circuit de
visites que Jenny avait organisé, nous aurions dû nous y rendre ensemble ce 11
septembre 2001. Finalement, elle y est allée seule.
Je
n’ai jamais visité New York. Mon rêve s’est transformé en cauchemar. Je regarde
les cendres au bout de mes doigts et je pense à la vie qui se consume, au
basculement des destins. Est-ce vraiment la peine d’ouvrir cette lettre,
dix ans après ? Je palpe l’enveloppe, regarde le timbre, la date de son
cachet : 10 septembre 2001, New York. Ce jour-là, je partai en Sicile,
loin de toute tragédie, pour y oublier mes regrets de voyage avorté. J’y ai
fait mieux encore : j’y ai rencontré ma femme. D’un rêve de vacances
brisé, j’étais passé à des vacances de rêve. Le faire-part de décès que je
trouvai au retour dans ma boîte aux lettres en a terni le souvenir.
Pourquoi
cette nostalgie ? On ne choisit pas son destin… Une petite silhouette en
pyjama apparaît sur le seuil de la porte et une main s’agrippe à la mienne.
« Pourquoi tu pleures, Papa ? » Je ne pleure pas, mon fils, ce
n’est que la pluie qui roule sur ma joue.
J’ai
reposé la lettre dans le carton, à côté du carré de soie où sourit une
immortelle jeune fille, l’air rêveur.
Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
dimanche 19 août 2012
Le sourire du grand-oncle (nouvelle)
Le
grand-oncle avait décidé d’accepter l’invitation pour le réveillon, à condition
qu’on ne coupe aucun sapin pour le mettre au salon. C’était un homme
malheureux, qu’on n’avait jamais vu sourire depuis la mort de sa femme, dix ans
auparavant. La mère avait tranché : on le voyait si rarement, on pouvait
bien lui faire plaisir ! Il était toutefois hors de question de priver les
deux petits du sapin décoré : on prendrait donc le champagne dehors, à
côté du jeune sapin du jardin.
La
table fut dressée dehors : une nappe blanche, que la fille aspergea de
confetti, cinq flûtes de champagne, deux verres de jus de fruit pour les
petits. On chargea les branches du sapin de guirlandes et de vraies bougies
afin de tromper l’obscurité. La grand-mère sortit dans son lourd manteau, en
haussant les épaules : « Ca va bien cinq minutes, avec ce
froid-là ! » Le père déboucha la bouteille et tout le monde poussa un
cri de joie, sauf le grand-oncle. Puis, les petits se chamaillèrent, le père
s’énerva et la mère émit quelques vœux pour la paix dans son foyer et dans le
monde. « Vous ne trouvez pas que ça sent le brûlé ? », coupa la
fille, les narines dilatées.
En
un instant, le petit sapin, ployant sous les bougies chaudes, se transforma en gerbe
étincelante. Dans un fouillis de confetti, le grand-oncle arracha la nappe à la
table et en couvrit l’arbre. Les flammes sommeillèrent un instant avant
d’embraser le tissu. Un brusque coup de vent enleva le lambeau, qui s’éleva
dans les airs comme un fantôme de feu. Personne ne pensa à relever la bouteille
de champagne, qui tanguait dans sa fontaine de bulles au milieu de la table.
Médusés, tous suivirent des yeux le petit point d’or qui montait, montait
jusqu’à se confondre avec les étoiles, tandis que quelques confetti finissaient
de s’éparpiller sur le sapin calciné.
Alors,
un sourire illumina le visage du grand-oncle : « Je savais bien que
tu finirais par me faire un signe, ma chérie ».
Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
Il est destiné à des adultes qui peuvent aussi apprécier les beaux
dessins. N'hésitez donc pas à me proposer une illustration ; je vous
laisserai avec plaisir un espace pour vous présenter dans la rubrique "beaux crayons" !
samedi 11 août 2012
Un arrêt en forêt (nouvelle)
Elle
écarte le dernier buisson, se redresse, se fige, frappée par un souvenir très
flou, sur lequel elle n’arrive à mettre aucun mot et qui pourtant lui donne des
sueurs froides. Hagarde, elle regarde la route déserte qui traverse la forêt.
Elle a envie de hurler.
Ce
n’était pas le chat noir de la voisine qui lui faisait peur, quand elle était
petite. Ce n’était pas non plus le fantôme caché dans le placard de sa chambre,
ni le lutin malveillant qui venait lui ricaner des cauchemars grinçants aux
oreilles. Non, c’était autre chose, quelque chose d’innommable, de non
identifiable, qui lui était arrivé ici, ou ailleurs. Et qui lui arrivait
encore, à vingt ans de distance.
Cédric
l’avait quittée deux jours auparavant. Elle avait le cafard et, comme
d’habitude, avait trouvé une oreille attentive auprès de Julien, son ami
d’enfance. Ils avaient longuement parlé au téléphone. Quelque temps après, au
milieu de la nuit, il était à sa porte, dans sa combinaison de moto
trempée :
—
Tu n’allais pas bien, tout à l’heure.
Et
comme justement, il passait par là… Sa combinaison dégoulinante et mal fermée indiquait
plutôt qu’il était parti précipitamment de chez lui après avoir raccroché et
qu’il avait roulé pendant plus d’une heure sous la pluie.
Ils
avaient de nouveau beaucoup parlé et il était reparti à l’aube en lui proposant
le remède miracle à ses chagrins d’amour : un week-end dans la maison de
campagne de ses parents, qu’elle connaissait si bien pour y avoir passé les
meilleures vacances de son enfance. Samedi matin, elle était montée derrière
lui sur la moto, s’était agrippée à sa taille, et ils avaient roulé pendant
deux heures, jusqu’à ce qu’elle lui demande de s’arrêter, comme d’habitude, sur
la petite route en pleine forêt.
Les
voilà garés sur le bas-côté. Il l’a toujours regardée avec amusement s’enfoncer
dans les fougères, tordant ses chevilles fines et emmêlant ses cheveux dénoués
à chaque branche. Et en sortant des fourrés, elle l’a toujours retrouvé tel
qu’elle l’avait laissé, un petit sourire au coin des lèvres. Seulement
aujourd’hui, il n’est plus là.
Tout
lui revient soudainement à l’esprit, sans crier gare : sa mère malade
après le divorce, leur premier départ à deux en vacances, un arrêt dans les
bois où elle s’enfonce quelques minutes avant d’en ressortir, la voiture
disparue… La solitude absolue, le sifflement du vent dans les arbres. Les
dernières larmes de l’enfance, à onze ans. Puis, la voiture qui revient la
chercher, la mère qui n’explique pas et qui évite son regard.
Alors,
toi aussi, Julien ?
Derrière
elle, les fougères tressaillent. La tête de Julien apparaît, interrogative,
coiffée d’une feuille morte. Il s’approche en silence : malgré l’ombre des
arbres, il a remarqué sa pâleur et les deux grosses larmes qui coulent sur ses
joues. Il met la main sur son épaule pour la conduire à la moto, quelques
mètres plus loin, derrière un buisson trapu. Il attend patiemment qu’elle
éclate d’un rire nerveux.
—
Tu cherchais encore ton chemin ?
Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
Il est destiné à des adultes qui peuvent aussi apprécier les beaux
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samedi 4 août 2012
L’anniversaire (nouvelle)
Cinq,
quatre, trois, deux, un… Toute la salle avait scandé le compte à rebours d’une
seule voix, et quand deux hommes en livrée apparurent sur le seuil de la porte
avec l’énorme gâteau surmonté d’un « 25 » crépitant d’étincelles, je
participai au mouvement général : je bondis sur mes pieds et entonnai à
pleine gorge « joyeux anniversaire, joyeux anniversaire ! »
Guillaume s’avança, beau comme un dieu, et posa fièrement devant le gâteau. Le
souffle court, je vidai d’un trait mon verre de vin. A mes côtés, mon compagnon
d’un soir, ivre, beuglait une chanson paillarde. Je le détestai sur le champ et
retins de justesse une remarque désobligeante.
Mais
qu’est-ce qui me prend de vieillir aussi mal ? A moi non plus, l’alcool ne
réussit pas, et j’ai envie de pleurer. Je me demande soudain où sont passés mes
vingt-cinq ans, ce que j’en ai fait. L’esprit confus, je fouille dans mon sac, à
la recherche du temps perdu. Dix ans de souvenirs, ça ne peut pas s’envoler
ainsi, n’est-ce pas ? Pourtant, rien ne me revient en tête : je ne
sais même pas comment j’avais fêté mon quart de siècle…
Je
sortis une boîte de fond de teint et camouflai quelques rides.
Guillaume,
toujours éblouissant, offrait à tous son sourire le plus charmant – pourquoi
cet empoté de Benoît ne cessait-il pas sa chanson obscène, alors que je lui
écrasais le cœur à coups de coude ? – et nous envoya un
« merci ! » qui arriva comme un baiser doux sur mes lèvres. Je
frissonnai. Serais-je assez belle pour faire oublier les dix ans qui nous
séparaient ? Serais-je assez jeune pour être la compagne plutôt que la
meilleure amie ?
Avec
délices, je dégustai quelques miettes de gâteau en dévorant Guillaume des yeux.
Lui, allait de table en table, serrait les mains, embrassait les joues.
J’avalai ma cinquième coupe de champagne avant qu’il ne pose son bras sur mon
épaule et me claque un baiser sur la tempe : « Ma chère amie, il faut
absolument que tu m’accordes la première danse ! »
Nous
avons valsé. Et j’ai compris pourquoi je n’avais plus le souvenir des dix
dernières années. Elles s’étaient évaporées, elles n’avaient jamais
existé ! J’étais si jeune, les bras forts de Guillaume me serraient contre
lui et j’entendais vibrer son rire dans ma poitrine. C’est le grand
amour ! C’est lui, j’en ai la certitude ! La tête me tournait !
Il m’a dit quelque chose que je n’ai pas compris et c’est là, à l’instant
précis où les lumières déchiraient la pénombre, que j’ai posé mes lèvres sur
les siennes. Ses bras se sont desserrés, il m’a lancé un regard surpris d’un
quart de seconde, puis a éclaté de rire : « Toi, alors ! »
Ensuite, comme s’il ne s’était rien passé, il m’a conduite par l’épaule à une
table voisine : « Je te présente Julie. Julie, voici Christine, une
amie comme tout le monde en rêve ». Devant moi se dressait Julie, très
blonde, très jolie, et très jeune. Elle m’a tendu une main chaleureuse :
« Je suis ravie de vous connaître, Christine ! Depuis le temps que
j’entends parler de vous ! »
Cinq
secondes me séparaient des larmes et de la porte. Cinq, quatre, trois, deux,
un…
Ce texte a été publié sur le forum Maux d'auteurs, qui organise régulièrement des jeux d'écriture de petites nouvelles.
Il est destiné à des adultes qui peuvent aussi apprécier les beaux
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